Quel niveau d’exigence devons-nous avoir pour la prise en charge de nos proches ? C’est cette question que chacun d’entre nous doit se poser lorsque nous parlons d’accompagner des personnes âgées, handicapées ou des enfants. Les français nous répondent sur le regard qu'ils portent sur l'évolution de l'aide à la personne.
Le gouvernement envisage de réformer les conditions de réalisation de l’accompagnement et les règles nécessaires pour intervenir auprès des publics fragiles (notamment en matière de garde d’enfants et d’aide à domicile pour les personnes dépendantes). Afin d’être au plus proches des attentes des familles et des bénéficiaires, la FESP a demandé à l’IFOP de réaliser un sondage sur ces sujets.
Exigence de qualité
En matière d’aide à la personne, notamment des plus fragiles, et surtout dans les modalités d’organisation de ce secteur d’activités, les Français mettent avant tout l’accent sur la fiabilité des interlocuteurs, en qui ils doivent pouvoir avoir sereinement confiance. En effet, pour environ deux tiers de la population (64%), la vérification du profil et des compétences d’un intervenant par son employeur est considérée non pas comme « secondaire » ni « importante », mais « déterminante ». Toujours pour une majorité de Français (56%), il est également « déterminant » de réaliser un entretien d’embauche physique de l’intervenant avant son intervention auprès du bénéficiaire, de même que de réaliser des contrôles réguliers de son travail par l’employeur (53%). Outre la dimension de personnalisation, par l’évaluation des besoins au domicile de la personne aidée (déterminante pour 62%), se dessine également une importance accordée à l’encadrement de l’activité d’aide à la personne : 50% des Français jugent « déterminante » le fait que l’employeur fasse bénéficier l’intervenant d’une formation continue, 49% la disponibilité d’un interlocuteur dédié parmi les responsables du personnel intervenant, et 34% la présence d’un local ou guichet pour échanger directement avec ces mêmes personnes. Des enjeux systématiquement davantage portés par les publics concernés de près ou de loin par l’aide aux personnes dépendantes – qui représentent 37% de la population.
De fait, la réaction des Français à l’égard du projet du gouvernement de réformer les conditions de réalisation de l’accompagnement et les règles nécessaires pour intervenir auprès des publics fragiles s’avère particulièrement négative : 59% s’y disent non favorables, dont 27% « pas du tout favorables » à une évolution de l’aide à la personne dans ce sens. Face à l’abaissement des critères d’exigence requis pour pouvoir exercer les activités d’aide à la personne, dont on a pu mesurer à quel point les Français y sont attachés, l’opposition à l’égard du projet du gouvernement se révèle majoritaire dans quasiment toutes les catégories de population, notamment les femmes (63%) – souvent les plus concernées par cette problématique, eu égard à la répartition inégale des tâches dans le foyer –, les plus jeunes (64% des 18-24 ans), les retraités (64%) ainsi que les Franciliens (68%).
Plate-formisation des SAP
Pire encore, malgré le vivier d’intervenants qu’une telle réforme pourrait apporter dans le secteur de l’aide à la personne (constat partagé par 76% de la population), les Français relèvent massivement les risques qu’elle ferait peser sur l’accompagnement des plus fragiles : 72% estiment qu’il deviendrait ainsi possible que des intervenants non certifiés accèdent au domicile des personnes aidées, 72% redoutent que des cas de maltraitance surviennent de la part d’intervenants insuffisamment formés, et 71% l’ubérisation du secteur ainsi que la baisse de qualité de service. Des craintes également partagées, massivement et majoritairement, par les premiers concernés, c’est-à-dire les publics ayant recours (eux-mêmes ou parmi leurs proches) à la garde d’enfants et à l’aide à domicile des personnes dépendantes.
Le projet de réforme des conditions d’agrément dans le secteur de l’aide à la personne, taillé pour permettre la « plate-formisation » de cette activité, apparaît d’autant plus en décalage avec les souhaits des Français pour leurs proches les plus fragiles que la possibilité de l’intervention par « visio » est massivement rejetée : 73% ne seraient pas prêts à remplacer la présence physique d’un intervenant par un entretien à distance pour la garde d’enfants et l’accompagnement des personnes dépendantes – une tendance confirmée au sein des publics concernés
Sondage Ifop sur l’évolution de l’aide à la personne, en ligne du 11 au 12 avril 2023, auprès d’un échantillon de 1 015 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus selon la méthode des quotas.
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