Rencontre avec Andréa Abbou, cofondateur d’Ellii

Ellii.net accompagne les plus de 50 ans à rester en forme tout en s'amusant via ses ateliers digitaux, collectifs, interactifs et préventifs. Nous avons rencontré son cofondateur qui nous raconte son parcours.

Bonjour, pouvez vous vous présenter ainsi que votre entreprise ?

Je m’appelle Andréa Abbou, je suis le cofondateur d’Ellii.

Ellii est une application web qui a pour mission d’accompagner les seniors ainsi que leurs aidants afin de rester en forme tout en s’amusant.  Nous offrons des activités en ligne adaptées que nous appelons ateliers. Ils sont interactifs préventifs et digitaux et nous avons construit nous-mêmes la technologie afin qu’elle soit accessible à tous.

Ces ateliers sont des petits formats intimistes, en moyenne une dizaine de personnes avec de l’interaction permanente et une personnalisation du contenu. Ces ateliers ont une vocation préventive : manger sainement, se stimuler cognitivement, rester en forme physiquement… Pêlemêle : alimentation, informatique, arnaque et sécurité, réseaux sociaux, intelligence artificielle, anglais, yoga, yoga sur chaise, activité physique adaptée, écriture, dessin, histoire de l’art, pâtisserie,…

Quels sont vos critères pour sélectionner tel ou tel sujet ? qu’est-ce qui est retenu, qu’est-ce qui est délaissé ?

Nos activités s’inspirent des thérapies non médicamenteuses et des enjeux préventifs de Santé Publique France. Nous avons une lecture en 4 temps pour assurer la pertinence de l’activité.

Premièrement nous regardons de manière très pratique si l’activité est réglementée par assurances et diplômes notamment pour des activités physiques.

Deuxièmement nous sommes attentifs à l’état d’esprit c’est plus compliqué à évaluer mais c’est tout aussi important. Il faut que l’activité soit non stigmatisante, bienveillante, sécurisante, non scolaire, sans recherche d’esthétisme ou de performance.

Troisièmement nous testons en milieu fermé en donnant la parole à nos Beta testeurs. Nous leur offrons l’atelier et ils décident s’ils veulent voir cette activité ou pas arriver dans le catalogue.

Enfin, les animateurs en plus d’adhérer à notre cadre légal, vont adhérer à notre charte qui a été corédigée avec le Centre d’innovation et d’usage en santé pour une fois encore s’assurer de la démarche préventive. C’est en consultation que se fait le choix de ce qui est proposé en atelier.

Nos beta testeurs peuvent aussi faire des suggestions. Si elles correspondent aux critères précédemment décrites alors elles pourront intégrer le catalogue.

 

Tout se passe via l’ordinateur, mais les gens ne sont pas forcément formés à utiliser l’outil. Comment ça se passe ?

Rappelons quelques chiffres.  Aujourd’hui les 3/4 des 60/75 ans se servent quotidiennement de l’outil digital et cette fracture est censée s’effacer quand ceux-la même avanceront en âge comparé à leurs ainés.  Malgré tout, une fracture  continuer d’exister, notamment avec les personnes situées dans les territoires ruraux ou celles ayant des problèmes de mobilité, comme encore, les proches des aidants souvent obligés de rester à domicile.

C’est tout notre enjeu, construire un outil le plus simple possible… Grace à la banque publique d’investissement BPI et au dispositif Innovup co-porté par la Région Île-de-France sous la forme d’une subvention qui supporte 70 % des recherches des frais de recherche et développement nous avons pu senioriser le parcours ux. Les ux designers ont travaillé le parcours qu’emprunte chaque utilisateur… taille des boutons, couleurs… pour proposer le chemin le plus simple, fluide et ergonomique possible et ne pas déboussoler les personnes âgées.

Après ils peuvent se faire aider par leur aide à domicile, ils ne sont pas forcément tout seul tout le temps. La plupart sont en toute autonomie mais certaines personnes un peu plus dégradées bénéficient parfois de l’aide de leur conjoint ou de leur auxiliaire de vie pour se connecter.

De quand date votre start-up ?

Elle est immatriculée depuis le 13 octobre 2021 et est commercialisée depuis le 6 avril 2023, nous avons entre temps obtenu l’agrément ESUS (Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale).

Comment vous est venu l’idée ?

Je vais essayer d’être concis. J’ai fait une licence de psychologie après j’ai fait l’Institut construction habitat, c’est du droit immobilier niveau 2 après j’ai travaillé 3 ans dans le résidentiel puis 3 ans dans le tertiaire en B2B dans une grosse boîte.  Il y eu un plan de départ volontaire, la fameuse rupture conventionnelle collective avec le covid. J’en avais assez de mon travail, je n’y étais pas épanoui… et à ma grande surprise mon dossier a été retenu, ils m’ont laissé partir en création d’entreprise…

A cette période, j’avais beaucoup de problèmes de santé dans ma famille, ma grand-mère a eu une perte d’autonomie ultra accélérée avec crise de démence et mon grand-père a été diagnostiqué avec un parkinson qui s’est réveillé du jour au lendemain. Ma mère a été aidante à leur côté.  J’ai vu ma mère perdre des points de vie comme beaucoup dans ce cas-là. Puis ma mère habitant seule je me demandais ce qu’elle allait faire quand elle aura fini de travailler, est-ce qu’elle va passer ses journées devant la télé aussi ou est-ce qu’il existe finalement une un endroit interactif ludique et avec une portée si ce n’est pas scientifique au moins préventive…

J’ai toujours une sensibilité avec les personnes âgées, je ne peux pas l’expliquer et j’ai été confronté à l’isolement, à la perte d’autonomie donc ça faisait sens… le projet eu des formes diverses au fil du temps. Initialement ça devait être une tablette qu’on allait distribuer dans les ehpads mais la moyenne d’âge trop élevée et les personnes trop dégradée ne correspondaient pas à notre offre.

Avec le plan de départ de mon ancien employeur il y avait la possibilité de se former via une école informatique en 9 semaines (assez intensives) qui propose deux formations data science et full stack développer. Mon idée ce n’était pas tant d’apprendre à développer mais d’être plus en mesure de pouvoir discuter avec un développeur.

A la fin, vous vous transformez en Product Manager, vous pitchez votre projet devant la promotion qui fait à peu près 40 à 50 élèves qui vont voter et développer pendant de semaines le premier prototype.

C’est une très belle opportunité et j’en sors avec le premier prototype mais également avec mon associé, rencontré sur place.

C’est une bonne formule pour effectivement avancer sur un projet en contrôlant ses coûts.

Quels sont vos prochains développements ?

Changer d’échelle ! aujourd’hui nous avons la chance d’avoir signé quelques partenariats assez intéressants. Je pense notamment à l’intégration du dispositif Oscar auprès de la Carsat la caisse de retraite sud-est et Normandie, à l’intégration du catalogue autonomie d’Orange mais aussi avec Présence Verte… Il faut alors réinventer les process tout en continuant de limiter nos coûts. Une start-up est une boîte qui innove mais qui cherche un modèle éco stable, il s’agit alors de procéder aux bons recrutements et poursuivre commercialisation et marketing dans le but de pousuivre le développement commercial.

Quel est justement votre modèle économique ?

Sur le modèle éco en deux mots, pas d’abonnement ! C’est le même fonctionnement que les cartes-cadeaux car nous vendons des « packs d’elliixirs » : le premier pack coûte 40 € TTC et comporte 22 élixirs. Le senior dépense quand il veut où il veut dans l’atelier de son choix c’est cette liberté également qui a séduit les bénéficiaires. Un atelier coûte en moyenne 3 elliixirs ce qui représente environ 6 euros.

Le nombre d’atelier est une bonne métrique. Aujourd’hui on fait trois ateliers en moyenne par semaine. Nous comptons tripler d’ici la fin du semestre. Nous avons en moyenne 8 à 10 personnes par atelier.

Pour connaitre notre audience, on suit le nombre d’impression de notre blog qui va nous permettre de gagner en référencement, notre page Youtube qui va être considérablement enrichie dans les dans les prochaines ainsi que notre présence sur les autres réseaux sociaux comme Facebook ou depuis peu Instagram.

Vous êtes combien dans l’entreprise ?

Nous sommes quatre seulement et nos intervenants sont évidemment rémunérés. Entreprise de l’Économie Sociale et Solidaire, nous avons par ailleurs remporté différentes prix comme Silver Valley 2023, DIESE ou encore plus récemment le Prix National du Créateur d’Entreprise Sociale et Solidaire (CREENSO) initié par l’IESEG.

 

Avez-vous des difficultés pour trouver vos intervenants ?

Tout travail mérite en salaire, on a des animateurs triés sur le volet, une petite communauté d’experts qualifiés qui est, bien évidemment, rémunérée.

C’est aux animateurs de remplir de manière souveraine leur agenda donc ils travaillent quand ils veulent. Nous avons eu plus de 400 candidats et nous avons retenu une douzaine à peu près.

C’est un parti pris, premièrement parce que c’est plus facile opérationnellement d’avoir une petite communauté, deuxièmement parce que les participants retrouvent les mêmes têtes donc c’est plus sympa et troisièmement parce que nous aimons créer ce lien autant avec les bénéficiaires qu’avec les animateurs.

Nos animateurs doivent être diplômés mais savoir qu’ils ne doivent pas attendre des bénéficiaires ni performance ni l’évaluation ni l’esthétisme, ils doivent être bienveillant et sécurisant. C’est un état d’esprit et gage de la qualité que nous recherchons.

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