Profil FESP : Davy Rodrigues, référent territorial dans le Var
Découvrez le parcours de Davy Rodrigues, référent territorial dans le Var et gérant franchisé chez Babychou Services.…
Profil Fesp : Loïc Pimienta, référent départemental Morbihan, revient avec nous sur son parcours, son expérience et partage sa philosophie de vie.
Je suis loic Pimienta, gérant de l’Adn.services de Vannes au bord du golfe du Morbihan dans la belle Bretagne.
Mon parcours n’a rien à voir avec ce métier puisqu’au départ j’ai une formation de commerce international. J’ai fait sur une école une école de commerce en région parisienne ce qui m’a amené à voyager bien sûr et puis quand j’ai terminé mes études je suis allé voir mes parents pour leur demander ce que je pouvais faire avec mon Master en Commerce International et puis mon père m’a dit « passe par le terrain d’abord, tu seras peut-être potentiellement un jour un bon manager ».
J’ai suivi son conseil, je me suis retrouvé chez Flunch en tant que directeur adjoint d’un restaurant à Paris donc ce qui m’a permis de bien comprendre ce que c’était que travailler 70 heures par semaine, de faire les inventaires tous les lundis matins entre 4h et 7h du matin dans le congélateur à -20 degrés, de gérer du personnel jusqu’à 60 salariés, de faire face à la pression du flux de clients qui passent dans un restaurant sur une journée , on peut faire 1500 à 2000 couverts…
Ça donne pas mal d’armes en tant que gestionnaire et une vraie sensibilité au management. On se pose les vraies questions : qu’est-ce qui fait que l’homme au travail est intéressé par ce qu’il fait, pourquoi il va au boulot, qu’est-ce qu’il motive, etc
Quand on sort d’école de commerce on n’a pas forcément compris ça. Donc voilà, premières armes, premiers échecs, premières erreurs, premiers succès…
Puis je suis rentré chez dans les brasseries Kronenbourg, une belle entreprise dans laquelle je me suis bien reconnu pendant un certain nombre d’années jusqu’à jusqu’au 2 dernières années où là effectivement je sentais que j’étais en bout de parcours.
Le cheminement traditionnel c’est chargé d’affaires, chef des ventes éventuellement chef de l’entrée régionale et puis après on peut évoluer au siège… Moi, j’ai un parcours non linéaire voir atypique. A ce moment de ma vie, j’ai eu une perte de sens, mes valeurs n’étaient plus en adéquation avec mon métier et l’entreprise.
J’ai douté de ma place dans le commerce, mes parents étaient commerçants, mes grands-parents aussi, j’ai suivi la destinée familiale
J’ai rencontré une amie et voisine qui tenait une agence sur Nantes de service à la personne et m’a proposé de voir ce qu’elle faisait dans son agence. J’étais très sceptique sur l’intérêt que cela pouvait susciter et je n’ai pas donné suite.
J’ai recommencé un boulot qui n’a pas durer bien longtemps 3-4 mois… et puis la petite musique recommençait, c’était encore dans le commerce c’était encore optimisé les marges, optimiser le chiffre d’affaires. Il n’y avait pas cette notion humaine qui m’est si cher… J’ai eu un déclic et je suis retourné voir mon amie.
C’était une révélation. Voilà un métier important, un métier où on se lève le matin sans se demander pourquoi on va au boulot, un métier où le travail doit être bien fait parce qu’au bout du bout du bout ce sont des êtres humains qui vont en pâtir. C’est un métier de terrain, on sait ce qu’on peut faire, on sait ce qu’on ne peut pas faire, on a un retour direct de la qualité du service, les bons intervenants, les bonnes compétences, on voit le fruit de notre travail très rapidement…
Effectivement il m’a fallu un long cheminement pour arriver dans le service à la personne… mais rétrospectivement, il y a toujours eu un fil rouge dans ma vie, une notion humaine dans tous mes choix. J’étais membre dans différentes associations. Quand j’ai fait mes choix en commerce international j’ai pris des spécialisations comme l’étude du comportement des hommes en entreprise. Puis je suis arrivé dans ce métier, c’était la lumière et tout de suite j’ai trouvé ma place. Les choses se sont faites naturellement : l’autorisation, la certification et bien sûr l’agrément. Ca fait 13 ans que j’ai l’agence mais avant de l’ouvrir, j’ai obtenu un certificat de Responsable de Secteur avec Askoria à Rennes, une très bonne formation.
C’était drôle venant d’un univers plutôt masculin, la bière, avec un cursus privé puis des entreprises privées… quand j’ai ouvert la porte j’ai vu une salle de 30 femmes, pas un seul homme, des personnes étranges qui parlaient un langage que je ne comprenais pas, avec des acronymes dans tous les sens, et venaient toutes d’associations ou du service public. Ce fut une très belle année avec des personnalités joviales, impliquée, ouvertes très accueillantes.
Je ne peux pas un bilan de ces 13 années c’est plus un parcours de vie. Quand on quitte ce monde du salariat pour aller créer sa propre entreprise en mettant ses économies dedans, en galérant les trois premières années… ce n’est pas tout rose. Il faut faire les interventions, les paies, les recrutements, voir les personnes contentes celles qui sont moins contente… on court partout, on prend beaucoup de risques, il faut être solide et savoir bosser. Ce métier est aussi une leçon de vie : on est au contact de personnes en fin de vie, de salariés dans la précarité, de familles épuisées.
Au final, il faut faire preuve d’une grande humilité. On vit de grand moment et en même temps on galère. Moi j’ai le sentiment d’être dans la vraie vie et de toucher à l’essentiel, la substance même de ce que c’est que faire un parcours de vie sur cette planète. Tout n’est pas prévisible, la nature nous réserve des surprises tous les jours. Un peu comme Forrest Gump avec sa boîte de chocolat, de temps en temps on a le bon chocolat, de temps en temps ce n’est pas le bon.
Il faut composer avec les gens : tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ! Les jeunes générations en témoignent complètement elles ne recherchent plus forcément les grandes entreprises mais ont besoin de trouver un enracinement sur des valeurs humaines, sur un choix de civilisation.
Au départ j’étais partenaire d’un réseau adhérent de la fesp. « il y a un syndicat, si tu as des questions tu peux les appeler … » j’ai appelé et obtenu des réponses très pro. La Fesp me permet de comprendre mieux les rouages de la construction de notre métier et de l’évolution de celui-ci. Etant patron, je suis responsable de 50 salariés ce sont 50 salariés qui ont des enfants, un loyer à payer, une voiture… Avoir de bons interlocuteurs nous permet de ne pas être dans l’ignorance, la crainte et l’insécurité, d’avoir des partenaires solides et puis d’être capable de rassurer aussi nos propres équipes qui sont souvent en proie au stress.
Je suis devenu référent en 2018 mais il m’a fallu 8 ans de métier et d’expérience pour prendre ce genre de responsabilité et je me suis aperçu que je pouvait être utile pour un certain nombre de collègues qui sont sur le département du Morbihan. Je trouve un épanouissement de pouvoir donner un coup de main et ça m’intéresse d’avoir cette ouverture sur tout mon environnement extérieur. Il ne faut pas se sentir isolé en tant que chef d’entreprise. Rester seul dans son agence, c’est le piège à éviter. Partager nos difficultés c’est le début pour trouver des solutions ensemble.
Nous partageons des infos transversales par visioconférence au niveau local sur le département et nous échangeons des courriels régulièrement.
Nous nous sommes constitué un réseau de service à la personne en 2010 avec quelques camarades de jeu. L’association s’appelle Resap56 et permet d’échanger les informations recueillies par les diverses fédérations, d’être des interlocuteurs crédibles vis-à-vis des institutions comme le conseil départemental. Nous avons un coté club, nous travaillons sur des sujets très concrets ce n’est pas que de la réflexion : nous avons mis en œuvre le trophée des services à la personne depuis deux ans.
Cette association et mon rôle de référent donnent plusieurs canaux pour communiquer auprès de tous les responsables d’agence. Cela permet aussi de faire des sondages sur le moral des chefs d’entreprise dans le département, sur les grosses difficultés du moment, d’avoir une photo locale en terme d’agences, d’emplois, de familles, de dépendance… ça nous donne une idée assez précise du poids des entreprises privées dans le service à la personne du Morbihan.
Nous travaillons tous dans le même sens, nous pouvons mener une politique sociale tous ensemble et créer un métier d’avenir pour les futurs candidats. Le Morbihan c’est un département où il fait bon vivre, c’est la plus belle région de France.